Pas-en-Artois est un bourg situé au confluent de la Kilienne et du ruisseau de Beaucamp, situé sur l’ancienne voie romaine d’Amiens (Samarobriva) à Arras (Nemetacum), connue plus tard sous le nom de Chaussée Brunehaut. On l’appelle Pas du mot latin Passus qui signifie passage, défilé; en effet, notre commune est resserrée au fond d’une vallée longue et étroite, dominée de chaque côté par des hauteurs dont la plus escarpée se nomme Montagne Saint-Pierre.
Plusieurs titres anciens désignent notre commune sous le nom de Passus Sancti Martini pour rappeler le séjour que Saint Martin y fit au IVe siècle.
On pense que la fondation de Pas remonte aux premiers temps du christianisme : sans connaître exactement son importance à cette époque, on sait que, dès le IXe siècle, elle avait le titre d’oppidulum (petite place forte) et qu’elle ne fit que s’accroître jusqu’au XVe siècle où elle est devenue une véritable ville, entourée de murailles et défendue par des tours et des créneaux. Les guerres qui ravagèrent toute la région pendant les XVIe et XVIIe siècles ruinèrent la ville de Pas qui prit alors le titre de bourg.
ÉGLISES : L’importance de Pas au XVe siècle nous est démontré par le nombre d’églises que la commune renfermait ; on en comptait pas moins de trois, sans parler des chapelles particulières. La plus ancienne, l’église Saint-Martin, est celle-là même qui a survécu aux autres. La tour et le clocher furent élevés en 1523 mais ils s’écroulèrent en 1766 et furent rebâtis avec les mêmes matériaux en 1774 (voir clef de voute du portail). Quant à l’église elle-même, elle fut brûlée pendant la guerre de 1636 et établie peu de temps après. Enfin, en 1761, comme elle menaçait ruine, on la démolit pour en reconstruire une plus grande (trois nefs). Les autres églises étaient : Saint-Nicolas, qui était sur l’emplacement du cimetière actuel puis Saint-Pierre-au-Val qui était à gauche sur la route de Famechon.
SEIGNEURIE : Pas était l’une des sept châtellenies du Comté de Saint-Pol et fut érigée en baronnie-paierie en 918. Elle était formée de dix-sept terres à clochers comme on disait à l’époque. Les armes de cette baronnie était « de gueules au lion d’argent armé de sable.«
Le premier seigneur qui nous soit connu est Anselme Ier de Pas, il vivait vers l’année 1050. Il avait sans doute des prédécesseurs mais ils nous sont inconnus. Quant au château de Pas, il constituait une véritable place forte flanquée de tours et entouré de fossés. Plusieurs fois ruiné par le guerres, notamment en 1522 et en 1635 et toujours reconstruit comme château-fort, il fut démoli à la fin du XVIIIe siècle et remplacé par le nouveau château (voir l’onglet « Village Patrimoine »).
MALADRERIE : Elle fut fondée par les seigneurs de Pas, à une époque fort ancienne, pour recueillir les pauvres lépreux. Le premier document authentique qui est fait mention est un acte de Bauduin de Pas de 1206. Pas avait également un hôpital (ou hôtel-dieu) dont on fait remonter la fondation au XIIIe siècle.
ÉCHEVINAGE : La carte communale de 1188 fait déjà état d’une mairie. Le plus ancien mayeur connu se nommait Jean Balmès (élu en juin 1253) et le dernier majeur, qui avait aussi le titre de conseiller du roi, fut Désiré Cavrois, qui cessa ses fonctions en juin 1707, date de la suppression de l’échevinage. Celui-ci fut remplacé par un syndicat qui dura jusqu’à l’établissement des municipalités à la Révolution Français en 1789.
Merci à Bruno GIRARD pour le prêt du livre « Histoire des communes du canton de Pas-en-Artois » écrit par Louis Cavrois en 1875. Cet article n’est qu’un résumé du chapitre consacré à notre commune.
Le trésor gaulois de Pas-en-Artois
Découverte fortuite ou pillage archéologique ?
Extrait de l’article paru le 07/10/2014 sur le site France Info France 3 Régions/Hauts de France
Il y a deux semaines, le Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye lançait un appel aux dons pour acheter à un particulier un trésor gaulois découvert à Pas-en-Artois, en 2011. Mais certains soupçonnent cette personne d’avoir creusé le sol pour le dénicher. Une pratique interdite.
L’appel aux dons lancé fin septembre par le Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye a jeté le trouble à Pas-en-Artois comme au sein de la communauté scientifique. Beaucoup visiblement ignoraient qu‘un trésor gaulois, composé d’une quarantaine d’objets en or et attribué à la tribu des Atrébates(IIe-Ier siècle avant JC), avait été découvert il y a trois ans par un particulier, dans une propriété privée située sur cette petite commune du sud du Pas-de-Calais.
La semaine dernière, La Voix du Nord révélait des photos embarrassantes, circulant sur internet. Elles ont été prises en 2011 lors de la découverte de ce trésor. Elles montrent que le sol a été creusé sur plusieurs dizaines de centimètres pour extraire les précieux objets, ce qui semblerait indiquer que cette découverte n’a pas été « fortuite » mais rendue possible grâce à l’usage de détecteurs de métaux. Ce qui est interdit en France, sauf autorisation des services de l’Etat. « Un chercheur de trésor ne peut en aucun cas découvrir un trésor, puisque par définition de la loi, depuis le Code Napoléon et même antérieurement, un trésor est un objet – ou un ensemble d’objets – découvert accidentellement« , explique Etienne Louis, archéologue à la Communauté d’Agglomération du Douaisis. « Donc à partir du moment où on le cherche, ça n’est plus un trésor au sens de la loi. Que ce soit avec un détecteur de métal ou tout autre outil, une recherche archéologique est soumise à autorisation. Que ce soit chez soi ou à plus forte raison chez autrui ». Selon le comte et la comtesse de Pas, propriétaires du terrain, l’inventeur du trésor serait entré sans autorisation sur leur propriété avec un détecteur de métaux. « On suppose que la personne qui l’a trouvé cherchait plutôt des vestiges de la guerre de 14, certains cherchent des vieux obus, des casques, des choses comme ça. », estime Marie-Thérèse de Pas. « Je pense qu’il ne cherchait pas particulièrement un trésor. » Ces propos ont fait bondir l’intéressé qui nous a contacté, sous couvert d’anonymat, via son compte Facebook. « Monsieur de Pas était au courant de la venue des archéologues du Nord et du Pas-de-Calais pour excaver ces objets« , assure-t-il. « Encore une fois, j’ai bien trouvé une partie des objets en surface, le trou que l’on voit sur les photos et la vidéo a été effectué par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles NDR) de Lille, en ma présence et en présence du garde chasse du comte de Pas« . « Ce n’est pas moi qui ai creusé ce trou, mais bien les archéologues du Nord, pour sauver ces objets d’un vol éventuel« , avait-il déjà affirmé sur sa page Facebook. « Comme je l’ai déjà dit, j’avais trouvé en surface quelques jours plus tôt de la tôle d’or froissée. Sous ces morceaux de tôle, il y avait des joncs, des tampons de torques et les bijoux annulaires, le tout mélangé avec des silex et des racines. Lors de la découverte du torque de Mailly-le-Camp, René Jouffroy, grand archéologue, écrivait que ces dépôts avaient un point commun, c’est qu’ils se retrouvaient à la surface, au point que les scientifiques se posaient la question si les Gaulois ne les accrochaient pas aux arbres. Les pluies diluviennes de l’été 2010 ont certainement joué un rôle important dans le ravinement de ce talus laissant apparaître ce trésor.
En attendant, l’association Halte au Pillage du Patrimoine Archéologique et Historique (HAPPAH), basé à Alençon en Normandie, a adressé le 29 septembre une lettre à la Ministre de la Culture, Fleur Pellerin, s’étonnant des conditions de cette découverte et s’interrogeant sur d’éventuels arrangements passés entre l’inventeur, le Musée de Saint-Germain-en-Laye et les services de l’Etat. « Les doutes qui planent sur le possible achat d’un butin de pillage archéologique par un grand musée national nous semblent inacceptables« , s’indigne-t-elle. « Si, comme nous l’entrevoyons, vos services en région Nord Pas-de-Calais ont eu en 2011 une connaissance précise du lieu et des circonstances de la découverte, nous vous demandons pourquoi la loi n’a pas été appliquée, le dépôt archéologique saisi, l’inventeur et le propriétaire du fonds poursuivis ? Dans la mesure où ce dépôt a reçu le statut d' »oeuvre d’intérêt patrimonial majeur », comment expliquer qu’il ne soit répertorié dans aucune publication, rapport ou ressource scientifique, et qu’on ne retrouve aucune trace de fouille officielle y afférant ?« .
S’il est reconnu que la découverte du trésor gaulois de Pas-en-Artois est le fruit d’une fouille illégale, son inventeur ne touchera pas un centime (sa valeur a été estimée à environ 800 000 euros). Il pourrait même se voir infliger une peine de prison ainsi qu’une amende.
En complément, vous pouvez également lire cet article de la Voix du Nord ou regarder cette vidéo.